"Si on va sur une autre planète, ce sera de la faute des grands" : six enfants nous livrent leur ressenti face à la crise climatique
Réchauffement de la planète, fonte de la banquise, espèces en voie de disparition... Dès le plus jeune âge, la crise climatique est source d'inquiétudes. A l'occasion de la COP26, franceinfo a interrogé six enfants, de 7 à 14 ans, pour connaître leur sentiment sur cet enjeu planétaire.
"Les émissions de gaz à effet de serre retiennent la chaleur sur la Terre", expose Augustin, 12 ans. A l'occasion de la COP26, qui débute à Glasgow (Ecosse) lundi 1er novembre, franceinfo est allé à la rencontre des plus jeunes pour sonder leur perception du changement climatique. "Beaucoup de choses dans notre environnement ont changé depuis des années", avance Romane, 14 ans. "Il y a un réchauffement climatique à cause de l'électricité qu'on fait", tente à son tour d'expliquer Colas, 7 ans.
A l'école, à la maison ou à la télévision, tous ont entendu parler du changement climatique. "Ils ne comprennent pas toujours les détails scientifiques, mais ils connaissent le phénomène global", rapporte Laelia Benoit, pédopsychiatre, qui réalise en ce moment des entretiens avec une centaine d'enfants sur le sujet. Face au phénomène, ils s'inquiètent bien des conséquences futures. "Ça déclenche de la tristesse, notamment par rapport aux animaux. Ils ressentent aussi de l'anxiété", explique l'experte. "Il fera tellement chaud qu'il y aura plus de désert. Beaucoup d'espèces vont disparaître, elles sont en danger comme nous", s'alarme ainsi Arthur, 7 ans. "S'il n'y a plus d'espèce animale, comment je vais faire pour mon métier plus tard ?", se demande Augustin, "biologiste" en herbe.
L'incompréhension devant l'inaction
Alors que la solution leur parait "simple" – "moins consommer", "arrêter de polluer", "réduire son bilan carbone", présentent-ils tour à tour –, ils ne comprennent pas l'inaction des plus grands. "Ils s'en foutent, ils trouvent que ça n'a aucun intérêt et que rien de dramatique ne va se passer", déplore Arthur. "Ils sont paresseux, ils ont juste la flemme de le faire, mais c'est pour eux ! Si, dans quelques années, on va sur une autre planète, ce sera de leur faute", accuse Nené, 8 ans.
Des jugements sévères que Laelia Benoit n'a aucun mal à expliquer : "En tant qu'adulte, on fait des choses qu'on ne devrait pas faire. On arrive à être en désaccord avec nous-même, c'est la dissonance cognitive. Les enfants n'y arrivent pas. S'il y a un problème, on règle le problème. Si fumer tue, on ne fume pas. Si la voiture tue la planète, on prend le vélo", détaille-t-elle.
"Les enfants sont plus prêts à faire des choix moraux difficiles pour aller là où il faut. Ils sont assez inspirants là-dessus."
Laelia Benoit, pédopsychiatreà franceinfo
Pour faire face à cette anxiété ou cette incompréhension, la spécialiste invite à la communication avec les plus petits. "Ils ont besoin de savoir que leurs parents sont conscients du problème et qu'ils s'engagent", poursuit Laelia Benoit. La crise climatique ne doit pas être un "sujet tabou". "C'est un sujet douloureux, une vérité difficile. En tant qu'adulte, on doit les accompagner, leur parler de leurs émotions", insiste-t-elle. La chercheuse propose également de les engager dans l'action face au dérèglement climatique. "Faire des gestes individuels, ça aide face à l'éco-anxieté. Mais aussi des actions collectives : faire des choses en famille, avec l'association de quartier, leur école... Agir ensemble, c'est soutenant et rassurant."
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